En 1999, alors que le groupe connaît un début de reconnaissance par une présence grimpante dans les charts, la tournée de promotion de l'album Zucker ne dément pas la fidélité d'un public qui les suit avec ferveur et passion. Leur récente participation aux sélections pour le concours Eurovision et la réputation scénique gagnée par le bouche-à-oreille fait de cette tournée un succès conséquent. C'est donc l'heure pour Rosenstolz de sortir leur premier disque live.
À l'écouter aujourd'hui, cet album est à la fois un véritable best-of, un instantané et un témoignage de cette époque dorée où le groupe était, à mon humble avis, au sommet de sa créativité et de son originalité, pas encore rattrapé par la pression du succès qu'il connaît aujourd'hui. Frais, spontané et terriblement attachant.
On y découvre donc Rosenstolz sur scène. Les orchestrations sont variées, souvent très différentes des versions studio. Le violon d'Anne de Wolff et le saxophone de Lorenzo, fidèles musiciens de toutes les tournées, complètent à merveille la pop simple et efficace du duo. Comme sur les albums, l'ambiance alterne entre euphorie, recueillement, franche rigolade et mélodrame. La voix d'AnNa s'y révèle bien plus puissante encore que ce que l'on aurait pu croire.
Il se dégage de ce disque-témoignage une véritable complicité avec le public, une atmosphère survoltée d'amour et de sensualité. S'en dégagent déjà les grands classiques qui ponctuent tous les concerts (Lachen, Die Schlampen sind müde, Königin...), toujours revisités. La version "Caraïbes" de Schlampenfieber révèle le côté un peu potache dont le groupe ne s'est jamais défait.
Sur les photos qui témoignent de cette tournée, AnNa apparaît dans des tenues osées et pourtant toujours élégantes. Décolletés vertigineux, robes transparentes, combinaisons en latex, grande cape argentée, guêpière noire, AnNa reste la classe incarnée, peut-être par cette façon qu'elle a (aujourd'hui encore) de se planter fermement devant son micro en tenant le pied de micro d'une main et de s'imposer là par la force de sa voix. Peter joue le trublion, le gamin excité qui court et saute dans tous les sens pour motiver le public, véritable chauffeur de salle. Il se moque d'AnNa et de la longueur de ses jupes, toujours plus courtes.
Ce qui rend ce concert encore plus charmant, ce sont toutes les petites imperfections d'un groupe encore spontané et maladroit, le jeu parfois hésitant, le rire d'AnNa quand elle reprend le refrain de "Nur einmal noch".
Bref, un disque indispensable à qui veut connaître autre chose que les concerts géants qui ne laissent pas de place à l'imprévu, et qui veut découvrir la fraîcheur, l'originalité et la force d'un groupe à l'époque méconnu, méprisé par les médias mais déjà installé fermement dans le cœur de ses fans.