Je l'ai donc écrit au-dessus : mon album préféré. Enfin, un de mes (nombreux) albums préférés. En tout cas celui par lequel j'ai découvert Rosenstolz, imaginez le choc.
Un violon un peu grinçant et "paf", c'est l'explosion : une voix absolument incroyable rugit soudain à notre oreille "Et comment trouvez-vous ma robe ?... Je suis la femme publique.. le tabou qui te manque...". Comment ne pas être séduit ? D'emblée, sans conditions. Elle donne tout, avec provocation et pudeur à la fois. Et enfonce le clou dès la chanson suivante, qui s'impose comme un hymne. Une femme qui séduit trop, sans vraiment le vouloir, mais qui se retrouve au petit matin désarmée. "Les salopes sont fatiguées".
Titre provocant et inhabituel pour un album à la pochette kitsch. Musicalement aussi, le kitsch est au rendez-vous : plus encore que dans les 4 précédents albums, les orchestrations sont opulentes, exubérantes, complexes, sucrées et pourtant incroyablement digestes. La voix d'AnNa R. est à son meilleur et passe sans encombre du rauque au sirupeux, du cri au chuchotement, de la caresse au coup de fouet.
Pas un temps mort, l'album enchaîne les mélodies parfaites, qui rentrent immédiatement dans la tête, et les textes drôles, poignants, pleins d'ironie et de lucidité.
Plus qu'un album, c'est un manifeste qui résume l'essence du duo et cristallise en 3/4 d'heure une vision de la vie terriblement mordante, sans fard malgré les apparences. Car derrière le grand-guignol et l'exubérance se dissimule une mélancolie lancinante et une exhortation à vivre la vie goulûment, à toujours regarder de l'avant.
L'album se clôt d'ailleurs sur une ballade qui a marqué les esprits de nombreux fans, Wenn Du jetzt aufgibst (Si tu abandonnes maintenant), et qui semble résumer cette vision des choses : même au fond du gouffre, il faut toujours aller de l'avant. Cette "philosophie" imprègne encore aujourd'hui en grande partie les textes de Peter Plate : puisons nos forces dans nos moments de faiblesse et profitons de chaque instant.
Ici encore, les sentiments font des montagnes russes et on finit l'album sur les genoux en remerciant ces roses fières d'afficher ainsi leur fierté et leurs faiblesses.