Je poursuis ma discographie commentée, en espérant que ça n'embête personne
"Objekt der Begierde" est le premier album de Rosenstolz signé chez une major, Polydor. Et ça s'entend : orchestre à cordes, chœurs bien fournis, production soignée, presque trop léchée par moments. Tous les moyens ont été mis au service des compositions de Peter et de la voix d'AnNa.
Au niveau des compositions et des textes, le duo poursuit sur la même voie que les albums précédents : on reparle encore de sexe et de femmes frivoles, de mélancolie et d'amour, de ruptures et de larmes, toujours dans une alternance entre expérimentations ludiques et ballades tire-larmes qui deviendra la marque de fabrique du duo.
L'album s'ouvre sur une intro diablement efficace qui donne immédiatement envie de danser. La chanson titre s'inscrit dans la lignée des chansons "légères" du duo, tendance "érotico-chic", de même que "Sex im Hotel".
LA ballade, celle qui deviendra le grand classique de l'album, est "Der Moment", aujourd'hui encore incontournable en concert. Déclinée en deux versions sur l'album (une version entièrement orchestrée et une autre plus sobre piano-voix), cette chanson s'impose d'emblée comme une composition parfaite. Le refrain et sa montée dans les aigus s'inscrit immédiatement dans l'oreille de l'auditeur pour ne plus le lâcher. AnNa y met en question le sentiment amoureux et sa "durabilité" de façon poignante sur une mélodie terriblement efficace. Un classique instantané.
Avec des chansons telles que "Angst" ou "Lass es regnen" et leurs déluges de cordes, AnNa et Peter flirtent dangereusement avec le
Schlager, cette variété sirupeuse typiquement allemande diffusée en boucle sur les programmes populaires, sans jamais vraiment y tomber. Même si ces compositions ne sont pas les plus recherchées, on ne peut qu'admirer la densité des orchestrations et la complexité des chœurs sur ces chansons fort bien produites.
"Ich lieb' mich" est la traditionnelle "chanson de Peter", titre langoureux où notre sex-symbol déclame qu'il vaut mieux être heureux et seul que malheureux à deux. Peu convaincante mais sympathique ritournelle.
"Der Kleine Tod" et "Geld" prolongent eux aussi la veine provocante et drôlatique du groupe, de manière magistrale et ludique. La voix d'AnNa y dévoile sa diversité et la richesse de ses intonations, rappelant sa formation de chanteuse lyrique dans des passages "opératiques".
"Weine nicht", ballade lourde de pathos, menace elle aussi de sombrer dans le kitsch de mauvais goût, tout comme "Zarah in Ketten" (que personnellement je ne supporte pas).
Album important dans la carrière du groupe, "Objekt der Begierde" souffre à mes yeux d'une production excessive et d'un léger manque d'inspiration par moments. Il reste tout de même très agréable à écouter pour ses chansons "sautillantes" et renferme de vrais bijoux, en particulier l'incontournable "Der Moment" que tout fan se doit de connaître par cœur, ne serait-ce que pour pouvoir chanter pendant les concerts